L’histoire
:
L'histoire de cet art pictural qu'est la peinture de Tigua, remonte à
des temps anciens, à l'époque Inca et pré-inca. La
culture tigua a traversé les âges, les artistes tigua sont
les descendants directs des Incas, leur langue est toujours le quecha,
la langue des Incas et vivent souvent dans les hautes terres des Andes
équatoriennes, parmi les volcans et sommets les plus hauts du monde.
Ici perdurent les allégories les plus originales.
Ce n'est que depuis les années 1970 que ces artistes ont commencé
à se faire connaître. En effet au début, leur peinture
n'avait que pour but de décorer des objets, instruments...
C'est Julio Toaquiza, peintre du village de Tigua, qui aurait diffusé
cette culture. Depuis l'art tigua est une source importante de l'économie
locale et même nationale.
Dans l’action de son oeuvre, le peintre est sûr de lui, il
fait preuve d'imagination (personnification, couleurs...) pour des thèmes
pourtant récurents, sa main exécute avec certitude et automatisme
les plus beaux paysages andins. Les traits fins, les couleurs vivent ne
cessent de fasciner les touristes et les amateurs d'art, autant par la
précision des traits que par la représentation détaillée
de ses scènes. Ces mêmes scènes qui se jouent sous
vos yeux; levez les et vous verrez, tournez la tête et vous croirez.
Ces paysages que vous avez vus en photos sont désormais à
portée de main.
La Technique :
Cet art indigène, naïf, est exécuté par l'artiste
qui peint sur des peaux de mouton tendu sur un cadre de bois. Les techniques
propres à cet art semblent ordinaires, les matériaux utilisés
sont des plus communs. Le cadre est un assemblage de 4 simples montants
de bois. La peau tendue est celle d’un mouton. Une technique curieuse
et efficace est utilisée pour décoller les poils: sur le
verso on verse du ciment mouillé, ensuite on peut décoller
facilement la peau…
Dans son atelier, l’artiste utilise de la peinture classique (la
même utilisée pour les murs des maisons…). Dans l’ordre
il va entièrement peindre le fond uniforme (le ciel), le premier
plan (les champs) et le reste. Bien sûr il faut laisser reposer
deux ou trois heures entre chaque couche de peinture ; en conséquence
la conception d’un tableau peu prendre huit jours.
Entre technique et héritage, l’art tigua se transmet au sein
de la cellule familiale. Il constitue donc un vrai patrimoine. A ce titre
il a déjà été représenté à
l’UNESCO.
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La
symbolique :
L'art tigua puise dans ses racines séculaires, reflète les
cultures locales traditionnelles, rituels et mythologiques.
L'histoire inca-équatorienne offre une multitude de thèmes.
Cependant, les scènes s'apparentent très souvent, ne délivrant
que le message de l'héritage traditionnel, le travail quotidien
aux champs, mariages, baptêmes, célébrations, communions
païennes, élevage de lamas, moutons, sommets enneigés,
tisserands. Mais un oeil avertit peut comprendre la symbolique profonde
des dessins, ainsi le volcan qui est omniprésent est un symbole
particulièrement fort et important, il représente la vie,
la fertilité, la force, tout découle du volcan. Un chaman
est souvent évoqué, confirmant l’existence du syncrétisme,
rien n’aura pu balayer les anciennes doctrines. Le couple, la femme
y occupe une place majeure, affirmant les valeurs de la famille et de
l’amour.
L'art tigua est le vecteur d'une néo-culture,
d'une culture ancestrale…autant de paradoxes et de beautés
dans ces peintures que d'horreur dans l'histoire de l'Amérique
du sud. Est-il nécessaire de rappeler l'histoire tragique du nouveau
continent, un continent fier mais soumis au colonialisme et à l'américanisation
quotidienne. Peindre admirablement et simplement le quotidien, pour quelques
dollars, c'est un moyen de survivre, un art, une boucle infernale qui
rappelle que l'histoire vous rattrape inlassablement, que la monnaie nationale
n'est plus le sucre (général libérateur) mais l'US
dollar. La liberté à un prix, pour cela il faut être
artiste, lever la tête, représenter vendre et marchander
ce que l'on a de plus beau, sa culture et ses origines….
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