La Cordillère des Andes
Association Franco-Equatorienne

Imposante barrière naturelle, la cordillère des Andes, qui est la plus longue chaîne de montagnes du monde (8 000 km), a contribué à forger une identité particulière aux sept pays sur lesquels elle s'étend (Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili et Argentine). Foyer de riches civilisations meurtries par la colonisation espagnole, les Andes offrent des possibilités d'exploitation variées.

Morphologie des Andes
La cordillère des Andes s'étire sur 66° en latitude le long de la façade occidentale de l'Amérique du Sud. Son influence sur les sept pays concernés est inégale, et sa mise en valeur dépend de l'étagement des milieux naturels. La formation de la chaîne est associée à un important phénomène de subduction, correspondant ici à l'enfoncement de la plaque océanique Nazca sous la plaque continentale sud-américaine.

Géologie
L'existence de la zone de subduction est attestée, d'une part, par la présence d'une profonde fosse océanique qui s'étend de l'Équateur au Chili méridional et, d'autre part, par la répartition des séismes qui affectent cette région.
On distingue trois grands domaines géologiques : les Andes méridionales, centrales et septentrionales. S'étendant sur le nord de l'Argentine, sur le Chili, la Bolivie et le Pérou, les deux premières se sont formées il y a environ 230 millions d'années. Lors d'une première phase de sédimentation, correspondant à une période de distension, qui dure une centaine de millions d'années, des bassins se forment au sein de la croûte continentale sud-américaine dans des terrains hercyniens et précambriens. D'importants dépôts d'origine volcanique témoignent de l'intensité du magmatisme. Au début du crétacé supérieur, il y a 100 millions d'années, commence une phase de compression, alternant avec d'autres épisodes de distension; ces derniers entraînent la formation de nouveaux bassins. Sous l'effet de l'érosion se forment alors des surfaces d'aplanissement, comme celle de la puna, qui caractérise le relief des hauts plateaux péruviens.
La surrection des Andes septentrionales (Colombie, Équateur et une partie du Venezuela), quelque peu postérieure aux phases précédentes, ne procède pas directement d'un phénomène de subduction. Cette zone, de type alpin, se caractérise en effet par la présence de nappes de charriage comportant des matériaux océaniques.

Le relief
La cordillère des Andes se ramifie au nord et au centre, présentant ainsi un ensemble de cordillères secondaires (occidentale, centrale ou orientale en Colombie et au Pérou). Ces différentes parties sont séparées par des vallées, telle la vallée des Volcans en Équateur, ou par des plateaux situés à environ 4 000 m d'altitude, comme l'Altiplano bolivien et la puna péruvienne.
Si la largeur de la Cordillère ne dépasse guère une centaine de kilomètres dans sa partie sud, elle avoisine 500 km dans sa partie centrale, en Bolivie. En tenant compte de la fosse océanique du Pérou-Chili (profonde de 8 025 m au large du Chili septentrional) qui correspond à l'interface entre les deux plaques, les Andes constituent le plus important relief du monde, avec une dénivellation de près de 15 000 m au niveau du tropique du Capricorne. Dans le sud du continent, les piémonts argentins s'opposent aux pentes abruptes qui dominent la plaine côtière chilienne.

Principaux sommets des Andes
Dans le Nord et jusqu'à la mer des Caraïbes, de nombreux sommets culminent à plus de 5 000 m, comme l'ancien volcan équatorien Chimborazo (6 310 m), mais aussi l'Aconcagua (Argentine, 6 959 m), l'Ojos del Salado (Chili, 6 880 m), le Llullaillaco (Chili, 6 723 m), le Huascarán (Pérou, 6 768 m), l'Illampu (Bolivie, 6 550 m).

Les volcans des Andes
Des volcans le plus souvent actifs jalonnent la cordillère des Andes, comme le Cotopaxi (5 897 m) en Équateur-volcan actif le plus haut du monde, le Nevado del Ruiz en Colombie (5 399 m).
Le volcan Nevado del Ruiz, couvert de neiges et de glaciers en raison de son altitude, a malheureusement fait la une des journaux. En effet, le 13 novembre 1985, la ville d'Armero, située dans une vallée à 70 km à l'est du volcan, fut balayée en l'espace de quelques minutes par une coulée boueuse, appelée lahar. Environ 22 000 personnes furent englouties par ce flot de boue. Le phénomène s'explique par la fonte brutale des glaces du sommet, consécutive à une arrivée de magma. Les eaux libérées, en emportant divers matériaux, rendirent la catastrophe inévitable, et la vallée fut presque totalement ennoyée, provoquant l'inévitable catastrophe.
Les tremblements de terre sont par ailleurs fréquents et meurtriers dans les Andes: le 31 mai 1970, l'un d'eux provoqua la mort de 66 000 personnes au Pérou.

Climat et ressources
La longueur de la chaîne, l'altitude, l'exposition et l'influence des courants océaniques du Pacifique Sud-Est expliquent la multiplicité des zones climatiques et la répartition des cultures.

Les zones climatiques
Les Andes constituent une ligne de partage entre deux domaines d'influence : océanique à l'ouest et continental à l'est. Les Andes australes (ou patagoniennes) connaissent un climat frais et humide, tandis que le centre du Chili, à la hauteur de Santiago, bénéficie d'un climat méditerranéen qui favorise les cultures de la vigne et du blé. Ces zones tempérées laissent la place au domaine intertropical à partir de la Bolivie. Des courants marins influent sur le climat des façades occidentales, comme le courant froid de Humboldt, en provenance du sud, ou le fameux El Niño, courant chaud venant du Pacifique central. Le désert côtier d'Atacama, situé sur le piémont chilien, atteste l'aridité de cette étroite bande côtière soumise à l'influence des courants marins froids au niveau du tropique du Capricorne. Le climat se refroidit au fur et à mesure que l'on approche des hauts plateaux. Dans la puna, la température moyenne annuelle ne dépasse pas 6 °C.
La côte occidentale colombienne connaît l'une des plus importantes pluviométries du monde (entre 6 000 et 8 000 mm par an). C'est le domaine de la forêt équatoriale, qui monte jusqu'à plus de 2 500 m. Les cultures respectent l'étagement en altitude : les plantes tropicales, notamment banane et canne à sucre, poussent à l'étage chaud à faible altitude; café et maïs sont cultivés jusqu'à 2 000 m ; l'orge, le blé et divers tubercules supportent l'altitude des hauts plateaux.

Faune et flore
L'animal que l'on associe le plus souvent aux paysages andins est le lama. Ce mammifère de la famille des camélidés aurait été domestiqué, comme l'alpaga, entre 2 500 et 1 200 ans av. J.-C. Malgré son caractère irascible, le lama est utilisé comme bête de somme ; il fournit aussi laine et viande. L'alpaga est élevé pour sa laine. Un autre mammifère, la vigogne (beaucoup plus petite que le lama), vit à l'état sauvage sur les hautes terres des Andes. Le condor, le plus grand oiseau du monde (jusqu'à 3 m d'envergure), règne sur les sommets andins, du Venezuela au sud du Chili ; il se nourrit essentiellement de cadavres. Le nandou, un oiseau aux allures d'autruche, la viscache, rongeur de la famille des chinchillidés, le puma, l'ours à lunettes, le loup, la moufette des Andes, le cobaye, le tapir sont caractéristiques de cette faune.
Parmi les plantes, le coca est tristement célèbre ; c'est de cet arbuste, qui pousse jusqu'à 2 000 m d'altitude, que l'on extrait la cocaïne. Les Indiens, qui en mâchent les feuilles pour lutter contre la fatigue, la faim ou le mal des montagnes (le soroche), lui attribuent des vertus magiques. Les zones boisées des Andes centrales sont essentiellement couvertes d'eucalyptus. La puna, formée de steppes de haute altitude, est le domaine de la paja. Dans les régions plus méridionales s'étendent les forêts de hêtres et de conifères, dont le plus typique est l'araucaria.

Les ressources minérales
Les Andes recèlent des ressources naturelles considérables, surtout d'or, d'argent, d'étain et de cuivre. La production minière représente souvent l'essentiel des exportations des pays andins. Ainsi Potosí, ville bolivienne édifiée par les Espagnols, a connu, pendant près de trois siècles, une période d'opulence grâce à ses mines d'argent. L'économie de la Bolivie s'appuie en partie sur l'étain. La découverte de gisements de fer et de charbon cokéfiable en Colombie a permis à ce pays de diversifier ses sources de revenus.

Les hommes et leurs activités
Foyer de civilisations d'une étonnante richesse, la cordillère des Andes abrite aujourd'hui des populations en majorité indiennes ou métissées, diversement installées dans des pays qui ont conquis leur indépendance au XIXe siècle, mais qui demeurent des zones où s'exacerbent les conflits.

Histoire
Les premières traces d'occupation du sol andin par les hommes remontent à plus de 14 000 ans av. J.-C. Des chasseurs vivent alors dans des grottes ou des abris-sous-roche. Ils se sédentarisent, aux environs de 2000 av. J.-C., dans les Andes centrales. Ce peuplement s'est développé sous forme d'enclaves au sein de l'environnement souvent hostile de la sierra (chaîne de montagnes en espagnol), ce qui a conduit à l'édification d'une véritable mosaïque de cultures régionales. Parmi ces peuples précolombiens, le plus connu est celui des Incas, qui, entre le XIIIe siècle et l'arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle, établissent un véritable empire théocratique du nord de l'Équateur au centre du Chili. À l'instar des Aztèques au Mexique, les civilisations andines ont été les victimes des conquistadores, menés ici par Francisco Pizarro. Les Espagnols ont contribué à créer les grandes villes, comme Quito, Bogotá et La Paz, situées à plus de 2 500 m d'altitude. Les Indiens des Andes, descendants de ces différents peuples dont les cultures, brillantes, ont été brutalement détruites, se nomment Quechuas ou Aymaras au Pérou et en Bolivie, Chibchas en Colombie ou encore Araucans (Mapuches) dans le sud du Chili. Ce sont tous des Indios, terme péjoratif auquel ils préfèrent celui de campesinos («paysans»). Ils constituent actuellement plus de la moitié de la population du Pérou, de la Bolivie et de l'Équateur.

Le peuplement actuel des Andes

Dans les Andes, les Indiens forment des communautés, sur le modèle des anciens clans incas. Leur habitat est très sommaire. Ils vivent de la culture du maïs, de la pomme de terre ou des céréales, apportées par les premiers colons, ainsi que de l'élevage du mouton, du porc ou du lama. L'analphabétisme est important, et la mortalité infantile élevée. L'alcoolisme révèle aujourd'hui le malaise de ces communautés. Trop souvent, le paysan est contraint de délaisser sa terre, qui ne suffit que rarement à nourrir sa famille, pour partir travailler à la mine ou comme péon (maneuvre) dans une hacienda (grande propriété foncière) contre un salaire de misère.
Les Indiens, métissés avec les Européens, ont été évangélisés par le colonisateur espagnol, sans pour autant délaisser leurs anciennes divinités. De l'Équateur au nord de l'Argentine, une grande partie d'entre eux parlent le quechua, langue répandue par les Incas. Fêtes, processions et carnavals viennent rompre l'austérité de leur vie, que reflète d'ailleurs très bien leur musique.

Un terrorisme grandissant dans les Andes centrales et la répression qui s'ensuit, dont les Indiens sont les premiers à subir les conséquences, poussent les habitants de la Cordillère à rejoindre les grandes villes, où la précarité des conditions de vie entraîne de graves épidémies, comme le choléra au début des années 1990. Aveuglés par le mirage d'une société de consommation, ils viennent en fait grossir les bidonvilles qui ceinturent les agglomérations. Sauf en Bolivie, le mode de vie urbain est aujourd'hui dominant dans les pays andins.
Indépendants depuis le XIXe siècle, les pays de la cordillère des Andes, en particulier la Colombie et le Pérou, restent des foyers confus de guérillas. Cette réplique traditionnelle à toutes les formes d'oppression et d'exploitation coexiste avec la résistance du cartel de la drogue aux opérations menées pour réduire ses bases de fabrication et de distribution.