Le chemin de l'Inca en Equateur
Association Franco-Equatorienne

Il est connu que les Incas furent de grands bâtisseurs, ils construisirent un vaste réseau routier : « Le Chemin de l’Inca », ce chemin fut la clef de l’extension de leur empire. En effet « Les messagers » de l’Empire, excellents coureurs, pouvaient parcourir jusqu’à 200 kms par jour et relier la côte du Pacifique aux Andes en quelques heures. Les Incas ont bâti plus de 45000 kilomètres de voies principales et secondaires qui leur permettaient d’aller de Pasto, au sud de la Colombie jusqu’au nord de l’Argentine, pour environ 6600 kms de voie principale. On dit que l’Inca, dans les montagnes pouvait, déguster du poisson frais et des spondyles (coquillages) pêchés le jour même. Cinq siècles plus tard, les vestiges de cette voie royale subsistent encore dans la cordillère des Andes.
Le réseau routier inca s’est développé au fur et à mesure que l’Empire s’étendait. Clairement son but était de permettre l’établissement de relations commerciales entre les populations les plus éloignées. Les voies mesuraient jusqu’à 3 mètres de large et s’adaptaient à la géographie de la zone qu’elles traversaient. Elles étaient faites de blocs de pierre, encore visibles aujourd’hui, maintenus par un mélange d’argile, de graviers et de plâtre qui remplissait la même fonction que le ciment utilisé à l’heure actuelle dans la construction. Aujourd’hui, le touriste marchant sur les traces des Incas ne trouvera pas de chemin parfaitement délimité : la plupart des pierres sont cachées par l’orejuela (Alchemilla orbiculata), ce tapis végétal caractéristique du haut plateau andin. Mais le tracé des anciennes voies, qui apparaît à la surface du sol, montre clairement qu’elles avaient été construites dans le but de contrôler les vallées et les rivières qui fécondent la région.

Le premier archéologue à emprunter le Chemin de l’Inca a été un chroniqueur espagnol, Cieza de León, qui a effectué la traversée Cuzco-Quito en presque dix ans pour étudier en détail les pratiques des habitants de ces contrées et leurs secrets. “Je ne m’explique pas comment ils ont pu faire des chemins aussi grands et aussi magnifiques, ni avec quels outils ils ont réussi à aplanir les montagnes et briser les rochers”, s’étonne-t-il. Le père Juan de Velasco, le plus ancien narrateur de l’histoire équatorienne, affirme quant à lui que le lac de Culebrillas était un lieu sacré pour les Incas et qu’il recèle un complexe archéologique qui n’a pas encore été exploité.

Tous les 5 kilomètres, le long du chemin, se dressent des petites constructions, les tambos, sorte d’auberges royales où les chasquis (les infatigables coureurs) se reposaient et remettaient les messages au coureur suivant. Les tambos situés tous les 20 kilomètres sont plus importants, leurs ruines sont notamment visibles entre Achupallas et Ingapirca. Selon Antonio Carrillo, un archéologue de la province de Cañar, ex-directeur de l’Institut du patrimoine de l’Austro, qui a fait l’inventaire des sites archéologiques de la région, aucun n’a été correctement restauré (à l’exception d’Ingapirca) parce qu’il n’existe pas de politique gouvernementale destinée à promouvoir ce type de tourisme. “Les Equatoriens ne savent pas ce qu’ils possèdent, ni ce qu’ils ont été par le passé”, affirme-t-il. Les possibilités touristiques sont donc nombreuses, mais elles ne sont pas encore exploitées. Par exemple, les ruines du Coyoctor, à 3 kilomètres d’El Tambo, au pied du mont Yanacuri, forment un site de 50 hectares lié à Ingapirca et témoignent de la présence des Incas dans la province de Cañar. Le lieu est accessible par un chemin carrossable, et l’on y voit très bien comment les Indiens ont sculpté la roche pour réaliser ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de “bains de l’Inca”. Ce site archéologique, dont les terrains appartiennent à la famille Carrasco, est en cours de restauration à l’heure actuelle. Il avait été détruit en 1964 lorsque les propriétaires décidèrent d’y construire deux maisons.

A l’ouest d’Azogue se trouvent les ruines de Cojitambo, perchées sur une colline où, d’après les historiens, se réfugiait Tupac Yupanqui, l’instigateur de la politique de conquête de l’Empire, lorsqu’il était poursuivi par les Cañaris. La grande place où avaient lieu les cérémonies religieuses est encore visible. Aucun budget n’a été prévu pour entretenir les ruines, mais Antonio Carrillo a réalisé une étude topographique de l’endroit, et la restauration du mur de soutènement a été entamée. M. Carrillo a formé un groupe d’Indiens pour remettre en état cette construction inca adossée à la roche, et des pièces de la culture indienne ont été trouvées au cours des travaux de terrassement et de débroussaillage. Les provinces du Chimborazo, de Cañar et de l’Azuay sont riches en Histoire et en vestiges du passé. Il est urgent de les inclure dans un projet global de sauvegarde et de développement social et touristique qui permettra de les restaurer et de mettre en place une signalisation, ainsi que des voies d’accès, pour les transformer en source de revenus pour les populations locales. Aujourd’hui, plus de cinq siècles après leur création, il est possible de parcourir les mêmes chemins que les Incas et de s’émerveiller de l’ingéniosité et du courage de ce peuple qui a bâti l’un des plus grands Empires d’Amérique.

Aujourd’hui, ce sentier impérial « l’Incañan », est une grande attraction touristique, apprécié par de nombreux routard. Parcourir le chemin de l’Incas pendant plusieurs à plus de 4000 mètres d’altitude est une petite aventure. Le sentier de l’Inca au Pérou étant le plus prestigieux. Mais rien n’empêche d’emprunter le monumental réseau routier qui reliait l’ancien Empire du Tahuantinsuyo, dont le centre était Cuzco, jusqu’au au royaume de Quito et à l’antique cité de Tomebamba, qui porte aujourd’hui le nom de Cuenca.

La partie équatorienne du Chemin de l’Inca ne présente aucun danger ; mais le brouillard qui règne à cette altitude et l’absence de signalisation le rendent difficile d’accès. L’aide d’un guide est nécessaire. Le marcheur comment doit se vêtir chaudement car la température oscille entre 6 et 11 degrès. La première partie du voyage va du village d’Achupallas (province du Chimborazo) près d’Alausí, jusqu’à Ingapirca (province de Cañar) via les ruines de Coyoctor. On passe ensuite par Cojitambo avant d’arriver dans la province de l’Azuay. Le marcheur pourra partir du lac de Culebrillas et parcourir les 20 km qui le séparent d’Ingapirca à pied ou à cheval. Outre les ruines incas, il pourra admirer toute la beauté de la nature environnante, notamment les impressionnantes cascades. Conscient (mais pas toujours…) de l’importance archéologique des ouvrages incas, le conseil provincial du Chimborazo a instauré le projet “Route de l’Inca”, dont l’exécution a été confiée il y a deux ans à cinq étudiants en écotourisme et en archéologie de l’Ecole supérieure polytechnique du Chimborazo. Avant l’Equateur, le Pérou s’était déjà lancé dans une entreprise similaire : la consigne est que les pays qui ont hérité du Chemin de l’Inca se doivent de le restaurer. Ceci dit, nous avons constaté l’incohérence de la gestion du site d’Inga Pirca. L’aménagement, les fouilles, la mise en valeur du site sont anarchiques.